Claude et Lydia Bourguignon combattent la méthanisation 2018

Suite des articles précédents sur « À quand un moratoire sur la méthanisation agricole industrielle ? », la lutte contre la nouvelle agriculture et particulièrement la méthanisation ne date pas d’aujourd’hui et c’est depuis 2018 que deux ingénieurs agronomes font entendre leur voix. Invités du Grand Figeac, Claude et Lydia Bourguignon battent en brèche la méthanisation en fin de conférence lors de la soirée du 7 septembre 2018…

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« Prendre soin de la terre et nourrir les hommes », tel était l’intitulé de la conférence donnée à l’invitation du Grand Figeac, par Claude et Lydia Bourguignon.

Par Jean-Claude Bonnemère

« Prendre soin de la terre et nourrir les hommes », tel était l’intitulé de la conférence donnée à l’invitation du Grand Figeac (*), par Claude et Lydia Bourguignon, ingénieurs agronomes, fondateurs du Laboratoire d’analyse de sol.

Dans ses mots de bienvenue, Vincent Labarthe, président du Grand Figeac, a salué les deux conférenciers, dont les propos arrivent à point nommé sur ce territoire où l’agriculture conserve une place prépondérante, aux côtés de l’aéronautique, l’autre pan du moteur de l’économie locale.

Vincent Labarthe met l’accent sur le Plan Climat Air Énergie Territorial du Grand-Figeac et tous les efforts engagés par la collectivité dans le cadre du projet de territoire à énergie positive, d’ici 2050. Une thématique d’autant plus importante que l’instance communautaire s’est doté depuis plus de deux ans d’une commission « Agriculture » qui s’attache à s’occuper de son devenir.

Plus de 50 % des emplois agricoles ont été perdus en vingt ans !

Plaidoyer pour le respect de la nature

« Nos anciens étaient plus respectueux que nous de la vocation du sol, car c’est lui qui conditionne quel type de production est le plus adéquat, alors que l’on laisse croire que l’on peut tout faire ! » déclarent les deux conférenciers en débutant leur intervention.

Depuis près de 30 ans, Claude et Lydia Bourguignon, ingénieurs agronomes, anciens de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) sillonnent la planète, souvent appelés à la rescousse pour revitaliser des terres appauvries pour toutes sortes de raisons : pollutions, modes de cultures…

Une méconnaissance dommageable des sols

Ils enfoncent le clou : « La méconnaissance des sols et de leur fonctionnement fait qu’on se laisse embarquer dans toutes sortes d’interventions dont certaines s’avèrent particulièrement néfastes à moyen ou long terme ».

Ainsi le Lot n’a pas échappé aux conséquences des pratiques des dernières décennies et ses sols agricoles se sont beaucoup appauvris, notamment en raison de labours inadaptés et du recours aux pesticides.

Tout au contraire, l’agriculture durable s’inspire du milieu sauvage et forestier, avec la production d’humus qui se réalise en surface. Les deux intervenants ont longuement expliqué le fonctionnement des sols avec toute la vie, insoupçonnée pour le néophyte, qui se joue sous nos pieds. Les vers de terre sont très sensibles aux pesticides et à partir de l’utilisation de ces derniers, a débuté la dégradation des sols avec par endroits de lourdes conséquences, sur les nappes phréatiques, en plusieurs régions de France…

Le volume de la perte annuelle des terres agricoles est devenu inquiétant, alors que le bétonnage de terres arables continue de plus belle, y compris dans le Lot.

Réparer les dégâts occasionnés

« Nous avons également beaucoup perdu en biodiversité ! » affirment-ils. Le nombre des variétés de légumes, par exemple, n’a cessé de se réduire ces dernières années, en même temps que la qualité des productions agricoles non bio s’est fortement dépréciée.

L’augmentation des rendements a généré une baisse sensible de la qualité des productions. Nos sols manquent de matière organique, que seule une agriculture durable peut garantir. Au programme des préconisations présentées par Claude et Lydia Bourguignon : la réparation des sols détruits, la plantation de haies, le recours aux semis directs, l’agroforesterie, le bois raméal fragmenté, la permaculture…

« L’élevage industriel représente une catastrophe pour la planète ! » lâchent-ils au détour d’une démonstration des effets mesurés, en condamnant sévèrement l’agriculture intensive.

À peine eurent-ils terminé leur exposé sous un tonnerre d’applaudissements, que les questions fusèrent de toutes parts, dont celle très attendue concernant la méthanisation dans le Lot.

Une autre forme de catastrophe…
« Le procédé de méthanisation retenu dans le Lot représente une autre forme de catastrophe pour les sols, dont on va se rendre compte dans les prochaines années » indiquent Claude et Lydia Bourguignon. On ramène trop d’azote dans les sols et en même temps on augmente la perte de matière organique. « On ne se projette pas suffisamment sur les conséquences de nos actes, dans le futur ! » assènent-ils. Les précisions sont sans appel : « Avec l’utilisation du digestat, on détruit la faune et les microbes des sous-sols ». Autre inquiétude exprimée par Claude et Lydia Bourguignon : « Quant aux déchets d’abattoir incorporés dans le processus de méthanisation, ils ne sont pas portés à une température suffisamment élevée pour pouvoir dire qu’ils sont sans danger, qu’ils sont exempts de pathogènes, pour les eaux souterraines et au final pour notre santé ! »
Conclusion des deux intervenants : « La méthanisation, telle qu’elle est pratiquée dans le Lot n’est pas une bonne idée ! »

(*) Celle-ci s’est tenue le vendredi 7 septembre dernier, en présence de 230 personnes, au Cinéma Atmosphère à Capdenac-Gare.