Politique climatique : erreur française, fraude des mots

En plus du journal Le Figaro avec plusieurs articles, Le Monde avait publié en 2018 un article contre la politique énergétique de la France qui vaut d’être lu et relu attentivement.

Pourquoi, en appelant haut et fort les autres pays à observer les conséquences de leur choix énergétique, les décisions de la PPE (Plan Pluriannuel de l’Énergie), annoncées en novembre dernier par le Président Macron et publiées incessamment,vont à l’encontre de la baisse des GES (Gaz à effet de serre) en subventionnant pour plus de 5 milliards l’Éolien et le Photovoltaïque, alors que les dépenses les plus nécessaires seraient l’isolation des bâtiments et la modification des transports publics ou collectifs.

Article du Monde du 22 02 2018, il y a juste un an : (http://huet.blog.lemonde.fr/2018/02/22/politique-climatique-erreur-francaise-fraude-des-mots/)

Politique climatique : erreur française, fraude des mots

Plus l’État français dépense l’argent public pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et plus elles augmentent. Un proverbe des Shadoks ? Non, le constat tout à fait officiel et détaillé fait par le ministère dirigé par Nicolas Hulot. La France prend en effet très au sérieux son rôle dans l’action mondiale pour atténuer la menace climatique future. Elle a donc mis au point une Stratégie nationale bas carbone. Laquelle détaille année après année et secteur par secteur les objectifs de diminution des émissions jusqu’à parvenir à -75% en 2050 relativement à 1990. Le fameux « facteur 4 », puisque cela correspond à une division par quatre de ces émissions. Une opération nécessaire si la France veut apporter sa quote-part à l’objectif mondial d’une atténuation de la menace climatique afin de la limiter à une élévation de la température moyenne de la planète de 2°C maximum relativement à la fin du 19ème siècle.

Cette Stratégie ne se contente pas de chiffrer les objectifs, elle liste aussi les moyens mis en œuvre pour y parvenir : subventions, décisions structurantes, intégration des objectifs climatiques dans l’ensemble des politiques publiques… Tout cela fait très sérieux. Surtout lorsque l’examen du premier bilan dressé par le suivi de cette stratégie démontre son erreur manifeste lorsque l’on examine l’adéquation entre objectifs et moyens, le B et A BA d’une bonne stratégie…

Les émissions réalisées sur le territoire national sont ainsi en augmentation de 2015 à 2016, de 457 millions de tonnes équivalent CO2 à 463 MTeCO2. Un très mauvais démarrage pour la Stratégie bas carbone. Surtout que le dérapage concerne en particulier les secteurs les plus émissifs : transports (plus 6% par rapport à l’objectif avec 136 MTeCO2); bâtiment, tant pour la construction que l’entretien et le chauffage (plus 11% avec 88 MTeCO2), agriculture (plus 3% avec 90 MTeCO2 dus pour l’essentiel aux oxydes d’azote des engrais et au méthane émis par le bétail)… L’industrie en revanche est presque en ligne avec les objectifs, à 1% près après avoir diminué de 45% ses émissions depuis 1990. Quant au secteur de la production d’énergie, il ne représente que 11% des émissions de gaz à effet de serre du pays, en raison d’un mix de production électrique dominé par le nucléaire et l’hydraulique…

Plus de 5 milliards par an pour… rien

Au regard des chiffres, on s’attendrait à un effort maximal sur les transports, le bâtiment, l’agriculture. Or, que nous apprend le document ministériel sur la distribution de l’effort public ? Que l’écrasante majorité des dépenses pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre est dirigée vers… le secteur électrique. En 2016, sur près de 6,7 milliards recensés, 3,5 milliards sont consacrés à soutenir l’implantation d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques. En 2017, ces chiffres grimpent à près de 9 milliards dont 5,6 pour ces deux modes de production certes très peu émetteurs de CO2 mais dont l’intermittence suppose des moyens de productions complémentaires, en back up, qui seront pour l’essentiel… du gaz.

Voir absolument le lien suivant : lire page 9 de ce document de suivi des « recommandations transversales » de la Stratégie bas carbone .

Il est à noter que le ministère de la Transition écologique et solidaire a rendu public début décembre 2018 le projet de Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) révisée. Elle dessine le chemin de la transition écologique et solidaire vers une neutralité carbone en 2050, conformément aux objectifs fixés dans l’Accord de Paris. Ce principe de neutralité carbone impose de ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que notre territoire peut en absorber via notamment les forêts ou les sols.

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